Des centaines de cyclistes ont manifesté ce matin dans les rues de l'Isle sur le Doubs pour marquer leur opposition au projet de réforme des randonnées d'été dévoilé la veille par Gérard Bertrand.

Les manifestants se dirigent en cortège vers le palace où est installée l'équipe technique

a nuit a été courte pour les cyclistes de la route du Doubs. Après l'annonce faite la veille par le directeur technique Gérard Bertrand d'une réforme des randonnées d'été, les participants ont décidé de frapper un grand coup. Réunis dès l'aube dans la tente de Christine, ils ont choisi de manifester dans les rues de l'Isle-sur-le-Doubs pour marquer leur opposition au projet. Et c'est par centaines qu'ils ont défilé dans la ville jusqu'à l'hôtel de luxe où est logé le staff technique. Tiré de son sommeil par les cris des manifestants, Gérard Bertrand s'est contenté de déclarer qu'il "ne se laisserait pas influencer par quelques nantis accrochés à leurs privilèges".

Sur l'Eurovelo 6 en direction de Montbéliard

Après la dislocation de la manifestation, les cyclistes s'engagent sur la véloroute et foncent vers Montbéliard pour rattraper le temps perdu. La météo est au beau fixe et les conversations vont bon train dans le peloton. Il y est question notamment de ce que sera la réaction du DT après les événements du matin. Ils filent le long du canal et arrivent bientôt au village de Colombier-Fontaine où la piste s'interrompt. Le circuit de remplacement les fait monter à Etouvans (où la chaleur devient pesante) pour redescendre ensuite à Dampierre et retrouver la véloroute. L'arrivée sur Montbéliard est assez délicate car la piste est loin d'être achevée. Des sections de routes assez fréquentées succèdent à des petits tronçons de voie cyclable, avec un passage très agréable le long du parc scientifique du Près la Rose. Finalement, après quelques détours, ils arrivent au pied du château des Wurtemberg.

Sylvie en profite aussitôt pour s'engouffrer dans l'Office de tourisme, et en ressort avec plusieurs kilos de documentation. Puis la petite troupe monte au château. Pas de comité d'accueil, les portes sont fermées. Ils redescendent vers la vieille ville pour voir les célèbres halles, mais elles sont en travaux. Le directeur de course décide donc de poursuivre le circuit, et c'est là que tout se complique. Persuadé qu'il faut partir vers le sud tout droit de l'autre côté de la voie ferrée, il file plein est en direction de Sochaux. Pour s'apercevoir bien vite que ça ne colle pas. Comme la veille, Hélène doit sortir son iPhone pour tirer le DC de ce mauvais pas, mais impossible de trouver les rues indiquées sur le petit écran. Résultat, un grand détour par l'ouest qui les amène à Matay, à deux km au sud de Mandeure.

Essai de conciliation dans un restaurant de Bourguignon

La colère est un peu retombée alors que le peloton file vers Pont de Roide

Malgré ces péripéties, les cyclistes arrivent au théâtre romain de Mandeure pile à l'heure prévue. L'équipe technique a organisé un campement léger : barnum, table, chaises, vivres, bouteilles, etc. Bizarrement, il n'est pas du tout question de la manifestation du matin. L'heure est semble-t-il à l'apaisement. Le DT multiple les amabilités, propose des boissons fraiches aux cyclistes, distribue des tranches de melon... Le repas est pris dans une ambiance sereine, quelques plaisanteries fusent même ça et là. A la fin du repas, les quelques passionnés d'antiquités visitent le site, assez impressionnant, puis les randonneurs remontent sur leur vélo pour se mettre en quête d'un bistrot pour le traditionnel café de midi.

Assis à l'arrière du camion qui roule devant le peloton, dans des postures acrobatiques, Gérard profite de l'occasion pour faire des photos du peloton. Après quelques kilomètres, un restaurant de Bourguignon accepte d'accueillir tout ce petit monde sur sa terrasse. C'est le moment que choisit Gérard Bertrand pour s'adresser aux cyclistes. "Je comprends votre colère", déclare-t-il en introduction. "Nous n'avons pas su expliquer ce projet, et j'accepte d'en porter la responsabilité". Puis il annonce que la direction technique va réunir des groupes de travail pour mieux détailler et faire comprendre la réforme, de façon à "éviter les ambiguïtés et les interprétations fallacieuses. Le chemin va être difficile, mais c'est l'avenir des randonnées d'été qui est en question". Les cyclistes se regardent sans rien dire. C'est Sylvie qui monte au créneau: "En clair, ça veut dire qu'on n'a rien compris?". "C'est tout à fait ça", lui répond le DT avec un sourire carnassier.

Un drame évité de justesse

Le moral au plus bas, les cyclistes reprennent la route. A Vermondans, ils empruntent la petite route qui passe au pied du Lomont et qui grimpe régulièrement jusqu'à Dambelin. La montée devient plus raide ensuite pour gagner un petit col où Malou, encore sous le coup des déclarations du DT, part sur la gauche de la route et manque de se faire écraser par une voiture qui surgit en face, tandis qu'un camion la dépasse par la droite. Plus de peur que de mal. Le peloton se reforme et profite de la descente pour gagner Hyémondans puis, après une nouvelle côte, Sourans. Le but n'est plus très loin. Les vélos dévalent la pente jusqu'à Blussans puis remontent à nouveau pour rejoindre L'Isle sur le Doubs.

L'arrivée au camping leur rappelle la manifestation du matin, mais l'enthousiasme n'est plus là. Le DT organise une procession dans sa remorque pour aller à la baignade, histoire de détendre l'atmosphère, mais ça tombe à plat. Il annonce aussi une surprise pour le lendemain, sans trouver la moindre réaction. La préparation du repas du soir se fait dans un silence quasi-religieux, l'apéritif est pris du bout des lèvres. L'arrivée de Marie-Noëlle et Jean-Jacques, pour la dégustation de la morteau aux pommes de terre, permet d'oublier un peu les tracas de la journée. La soirée se termine avec des chansons et des agaceries pour le voisin, blotti dans sa caravane, qui n'apprécie pas le bruit après 9 heures.
Eugène Lacroute

Saint Hippolyte