Tout aurait pu se passer pour le mieux, mais c'était compter sans le vendredi 13 pour les 13 participants de cette 13e randonnée d'été. Frissons garantis...
Après un petit-déjeuner copieux sous le barnum, et en attendant l'arrivée de Christine, les cyclistes tournent autour de leur vélo pour faire les derniers réglages. Christine arrive bientôt dans un nuage de poussière et, quelques minutes plus tard, la voilà prête pour le départ.
Les randonneurs se mettent aussitôt en route. Ils franchissent le pont-barrage sur la Loue et se dirigent vers le sud par une petite route de campagne. Ils arrivent rapidement à Lombard et, après une halte au pied de l'église, poursuivent vers Mesmay, Brères puis Rennes sur Loue. C'est là qu'ils rattrapent la N83, où le trafic est assez chargé, et qu'ils entrent dans le département du Jura.
Est-ce l'effet des gaz d'échappement ou une intoxication due au diner de la veille ? Toujours est-il qu'à 13 km du départ le directeur de course semble perdu. Il consulte sa carte mais ne sait manifestement pas où aller. Pour un peu, il emmenait le groupe jusquà Arbois. Heureusement, une petite route sur la droite permet d'échapper à la nationale et de retrouver un air plus pur. Par chance, c'est la route qui conduit à Port-Lesney. La randonnée peut donc se poursuivre sereinement, mais chacun sent bien que l'ombre du numéro 13 plane au-dessus de l'équipe.
Dans le petit bourg, les cyclistes passent devant le château de Germigney, coquet petit hôtel de luxe, puis s'arrêtent un peu plus loin pour faire une pause près du pont en ruine, histoire de se remettre de leurs émotions. Après cela, ils s'engagent sur une petite route qui permet de grimper dans la forêt et de continuer vers Cramans pour arriver bientôt à Arc et Senans.
LE DIRECTEUR TECHNIQUE A LA FOIRE A LA SAUCISSE
Devant la Saline, il n'y a pas grand chose à faire que d'attendre l'équipe technique, à part visiter la billeterie et les toilettes. «On ne va quand même pas attendre comme des idiots en plein cagnard», dit Hélène en s'enduisant de crème solaire. D'après les nouvelles téléphoniques, le DT serait bloqué dans un supermarché à cause d'une foire à la saucisse de Morteau. Pas moyen d'atteindre les caisses. «M'est avis qu'il doit les manger sur place, ses saucisses», lache Jocelyne. Pour corser le tout, des oiseux piaillent sous le péristyle en posant des crottes un peu partout.
Il faudra attendre plus d'une heure avant que le camion de l'équipe technique n'apparaisse devant la Saline. Et encore un quart d'heure pour qu'ils pénètrent enfin dans le site. Avec l'heure qui avance, la visite se fait au pas de course. Certains pavillons sont d'ailleurs fermés. Mais la plupart en ressortiront très satisfaits, voire emerveillés devant l'oeuvre de Claude-Nicolas Ledoux.
Pour le pique-nique, le DT a déniché un petit coin sombre au bord de la Loue, où passent sans arrêt des utilitaires venus déposer là leur chargement de kayaks. Bizarrement, parmi les victuailles, on ne voit pas la moindre trace de saucisses de Morteau. «Quand je vous disais qu'il les a bouffées», dit Jocelyne. En revanche, l'équipe technique a apporté le café, ce qui libère les randonneurs de la recherche d'un bistrot. Car l'heure avance et il reste encore un long trajet à faire. Pressés par le directeur de course, les cyclistes remontent sur leur vélo et reprennent le chemin de la Saline.
PANIQUE AU PASSAGE A NIVEAU
Pas de halte cette fois devant le monument, ils filent vers la forêt de Chaux dans l'espoir d'échapper à la chaleur. Ils traversent un passage à niveau juste au moment où l'horloge de l'église sonne l'unique coup de 13 heures. Quelques instants après, la sonnerie retentit et les barrières descendent. Le peloton ne s'aperçoit de rien mais à l'arrière, Jean et Danielle sont restés coincés au passage à niveau. Les minutes passent et le train n'arrive pas. Ils envisagent de contourner les barrières, et c'est à ce moment précis que le train arrive sans crier gare. Les barrières se lèvent et ils peuvent enfin reprendre leur route. Le groupe de tête, qui ne se doute pas du drame, a déjà pris une bonne avance. Ce n'est qu'à l'entrée de la forêt qu'Alain se rendra compte de l'absence des deux compères. Il part à leur rencontre et les retrouve bientôt, encore excités par leur mésaventure. «On l'a échappé belle», conclut Jean après avoir relaté les événements. «Oui, encore un drame évité de justesse», surenchérit Denis.
La montée dans le forêt peut reprendre. Une montée assez longue sur une piste cyclable tracée à côté de la route, sans rapport avec la route bucolique que l'on pensait y trouver. La côte se termine par une belle descente sur le village de Rans. «Sûrement jumelé avec Beurre», ironise Alain. Ils traversent ensuite le Doubs pour rejoindre la rive droite où se cache la véloroute. Pas de surprise sur cette section tranquille de l'Eurovéloroute des fleuves. Quelques bateaux de plaisance, des pêcheurs, une ou deux voitures… Après 13 km au bord du Doubs, les cyclistes arrivent à Osselle où le DT est censé les attendre.
Enorme surprise, il est déjà là et même un peu énervé d'avoir dû les attendre en faisant des allers-retours entre les différents ponts du secteur. Il embarque Annette, Danielle et Jocelyne dans son camion et repart sans plus de cérémonie vers Quingey. Le groupe réduit s'attaque à nouveau à la côte d'Abbans-Dessus, mais par un autre versant que celui de la veille. C'est Hélène qui arrive largement en tête après une échappée de plus de 5 km, suivie de Jean, encore marqué par son aventure ferroviaire. Les cyclistes se regroupent bientôt au sommet de la côte pour plonger vers la vallée de la Loue et rejoindre le camping.
Fidèle à la tradition, le DT organise un transport collectif jusqu'à la baignade, située à 2 ou 300 m du campement. Mais seuls Annette, Gérard et Sylvie se tremperont dans la rivière, plus que fraiche. Tous se ruent ensuite vers les douches pour se réchauffer. Pendant ce temps, Jean avait disparu du camping. Il ne réapparaitra que vers 7 heures avec des bouteilles de champagne à la main. «C'est pour fêter la naissance d'Annaëlle», dit-il en sortant des gobelets en plastique. Tout le monde trinque à la santé de la petite-file et c'est avec un diner plantureux (agrémenté de saucisses de morteau) et quelques chansons anciennes que se terminera cette journée pleine d'émotions.
Eugène Lacroute ©Papy Match 2010
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