De Cernay à Turckheim
Déshydratation sur la route des vins
 
Par Eugène Lacroute
 
dimanche 17 août 2003
 
 
 
 
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«Voegtlinshofen! Comment tu veux demander ton chemin avec un nom pareil?»
Alain
Technique
 
Distance : 56 km
Dénivelé montant : 420 m
descendant : 460 m
 
Un bon petit-déjeuner, ça n'a pas de prix
 

Malgré l'heure matinale, il fait déjà chaud ce dimanche matin quand nos amis rembalent les tentes. Les quelques gouttes tombées dans la nuit n'ont pas rafraichi l'atmosphère. Mais la petite guinguette située à l'entrée du camping permet au moins d'espérer un bon petit déjeuner. Un rêve vite envolé car l'aventure va bientôt tourner au cauchemar. D'abord les tarifs: 6 euros le petit-déjeuner, on n'est plus vraiment dans la catégorie guinguette. Les prestations ensuite: 3 ou 4 croissants pour toute la tablée, de la baguette modèle courant et une boisson chaude servie avec parcimonie, il n'y a pas de quoi grimper aux arbres. Résultat, nos neuf cyclistes commencent à s'échauffer, la tenancière affolée téléphone à tout va pour savoir quoi faire, Alain menace de tout casser... Après de longues discussions, ils s'en tireront finalement pour 4,60 €, ce qui est déjà conséquent vu le sevice rendu.
 

Sweet little Sixtine
 

Les randonneurs, encore excités par cette affaire, prennent la route du piémont vosgien tandis qu'Hélène file sur Altkirch à la recherche de son sac à main. Ils traversent Wattwiller et Soultz à la vitesse du tapis magique, il est vrai poussés par un vent du sud assez généreux. De vignoble en champs de maïs, il arrivent assez rapidement à Guebwiller. Manque de chance, le couvent des Dominicains qui abrite la fameuse Chapelle Sixtine alsacienne est fermé le matin. Il faudra donc se contenter des maisons à colombages et de l'église St Léger, avec en prime quelques barres aux céréales.

C'est à peu près à ce moment là qu'Hélène rejoint le groupe. Elle a réussi à récupérer son sac in extremis: les gérants du salon de thé étaient sur le point de fermer boutique pour partir en vacances, peut-être avec l'argent du larcin. Tout est bien qui finit bien, donc. Pour fêter cet heureux dénouement, les randonneurs décident de faire un pélerinage à l'abbaye de Murbach qui se trouve juste à côté (en réalité, le programme de la journée avait été modifié la veille au soir pour que tout le monde puisse faire le même circuit). Les voilà donc partis dans la vallée du Florival à la recherche de l'édifice, qui n'est guère mieux signalé que le musée du panier d'osier de Bibiche. Ils trouvent malgré tout la route de Murbach et s'engagent sur la pente assez raide qui mène à l'abbaye. Là, ils sont largement récompensés de leurs efforts. Le site est magnifique et la chapelle qui domine l'ensemble offre une vue exceptionnelle.
 

Coincés à Buhl
 

Un premier groupe reprend bientôt la route, pour éviter la pression annoncent-ils, tandis que les autres visitent le site de fond en comble. Ils redescendent à leur tour vers Buhl pour gagner le col du Bannstein. Les agents de l'Equipement là encore n'ont pas fait dans la finesse puisque les panneaux, pourtant nombreux, indiquent uniquement Lautenbach et le Markstein. Mais tout ça n'empêche pas nos amis de trouver la petite route et de monter sous le cagnard à l'assaut du col. Le dénivellé n'est pas énorme, guère plus d'une centaine de mètres, mais la chaleur de plus en plus pesante réduit l'ardeur des voyageurs. Heureusement, la descente sur l'autre versant, en pleine forêt, est superbe et ils ont tôt fait de rejoindre le premier groupe qui s'est installé près d'un ruisseau pour le pique-nique.

Après le repas, ils descendent tous ensemble sur Soultzmatt pour prendre un café dans une sorte d'hacienda alsacienne. Puis, dans la chaleur du début d'après-midi, ils n'hésitent pas à reprendre la route pour filer sur Westhalten, où s'agglutine une foule cosmopolite attirée par une foire à la brocante. Ils parviennent malgré tout à rattraper la route de Rouffach.
 

La route infernale
 

L'absence d'indications, qui semble être une marque distinctive de ce coin d'Alsace, les mène tout droit à un traquenard, la N83 transformée en voie rapide. Impossible bien sûr de grimper là dessus, même déguisé en coureur professionnel. Après quelques tatonnements, ils finissent par trouver une toute petite route qui longe la nationale et qui permet de gagner Rouffach sans subir le sort habituel des hérissons. Ce sera la surprise du jour: de belles maisons anciennes, des rues étroites, une église remarquable, un château... Une ville pleine de charmes pour tout dire. Après cette visite, nos amis doivent à nouveau éviter le piège de la voie rapide et prendre une petite route sans indication qui mène à Pfaffenheim. Une pause rapide près de la fontaine pour se réhydrater, et ils attaquent un raidillon qui permet de rejoindre Gueberschwihr par les vignobles. A la réflexion, c'est sans doute pour empêcher les voitures d'emprunter ces petites routes qu'il n'y a pas d'indications. D'ailleurs, pour ajouter à la confusion, toutes les routes s'appellent D1 quelque chose.
 

Sans nouvelles de Jean
 

Toujours est-il qu'à Gueberschwihr, nos amis manquent la route de Voegtlinshofen et se retrouvent à Hattsatt en un éclair. Dans la manoeuvre, Jean et la voiture ont disparu du paysage. Après un rapide tour du village, ils manquent à nouveau de tomber sur la voie rapide infernale. Heureusement, un panneau discret indique l'itinéraire cycliste vers Eguisheim. La minuscule cité est envahie de touristes entre lesquels il faut zigzaguer, mais elle vaut assurément le détour. Un résumé des villages alsaciens en quelques centaines de mètres de rues pittoresques en diable. La suite de l'itinéraire vers Wettolsheim ne devait pas poser de problème, puisqu'une route y conduit directement, mais les voilà quand même ramenés sur la voie rapide qu'ils vont devoir longer par l'accottement sur une centaine de mètres.

Le retour sur Turckheim s'effectue heureusement sans souci, sur des routes maintenant bien jalonnées, sans doute parce qu'elles ne traversent pas le vignoble. Après une visite à vélo de la ville, la randonnée s'achève comme elle avait commencé: au café bleu. C'est là aussi que Jean réapparait. Il semble qu'il ait tourné en rond dans le vignoble sans arriver à retrouver le groupe. Mais il est temps maintenant de regagner les véhicules pour rentrer chez soi. Comme toujours, les adieux sont émouvants. Chacun promet d'être là l'année prochaine pour de nouvelles aventures cyclistes.

Epilogue: à peine le temps d'arriver à Kaysersberg, et un orage du feu de Dieu se déclenche. Comme quoi la nature est bien faite.

 
> Cernay

Départ précipité après l'altercation du petit déjeuner.
PIZZA HUT

> Guebwiller

Le cloitre du Couvent des Dominicains, fermé le dimanche matin.
VATICAN NEWS

> Guebwiller

Conciliabule dans la ville.
DDE 68

> Murbach

Ecrin total pour l'abbaye de Murbach (vue du dessus).
DDE 68

> Soultzmatt

Le déjeuner sur l'herbe, version 2003.
MUSEE DE THEDING

> Rouffach

La surprise du jour.
OT ROUFFACH

> Pfaffenheim

Danielle part à l'assaut du vignoble.
US POSTAL

> Pfaffenheim

Des prélèvements sont faits dans toutes les fontaines.
SALVETA

> Eguisheim

Toute l'Alsace à portée de main dans la petite cité.
CASTORAMA

> Turckheim

Des adieux émouvants (vue partielle).
AIR GRODARD