De Huningue à Cernay
Entorse au devoir de réserve
 
Par Eugène Lacroute
 
samedi 16 août 2003
 
 
 
 
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«Ce serait quand même dommage de venir en Alsace et de ne pas manger de canard laqué»
Christine
Technique
 
Distance : 64 km
Dénivelé montant : 250 m
descendant : 220 m
 
Les ailes du désir
 

Réveillés de bon matin par les premiers rayons du soleil, nos neuf cyclistes remballent le matériel et filent sur le centre-ville où ils ont repéré une petite boulangerie-salon de thé. Ils peuvent enfin s'offrir un petit déjeuner digne de ce nom, histoire d'effacer le mauvais souvenir de la veille. Reste ensuite à traverser l'agglomération de St Louis, déjà bien encombrée, pour gagner Hésingue et les premiers reliefs du Sundgau. Délaissant la route départementale qui mène à Altkirch, ils grimpent à vive allure vers Attenschwiller. Les avions qui tournent au-dessus de l'aéroport de Mulhouse-Bâle donnent à leur escapade comme un parfum de voyage lointain.
 

Les fontaines crachent de l'eau non potable
 

A Attenschwiller, chacun profite de la fraicheur de la fontaine publique pour se réhydrater un peu, car le soleil est déjà bien chaud. L'eau de la fontaine n'est pas potable, il faudra donc se contenter des bouteilles et des gourdes. Ensuite, ils filent sur Michelbach le Haut, puis s'engagent sur une longue montée qui met les mollets à l'épreuve. Au sommet, après un bref moment passé à interpréter les cartes, ils piquent sur Knoeringue où ils peuvent enfin attaquer l'ancienne voie romaine (heureusement bitumée depuis la fin de l'empire) qui court sur la crête à l'abri du trafic automobile. Dans le lointain, les Vosges dressent leur masse imposante. Les plus érudits croient y distinguer le Rossberg, d'autres la Grande Foune. Après ces paysages paisibles, à peine troublés par la présence d'un circuit de moto-cross, et de quelques randonneurs à pied, la route redescend dans le petit vallon du Thalbach qui mène à Altkirch.

En arrivant dans la ville, un simple coup d'oeil suffit à comprendre qu'il va falloir jouer du dérailleur pour parvenir à l'église. Celle-ci est en effet juchée sur un promontoire qui domine la vallée de l'Ill. Au mépris des sens interdits et autres rues piétonnes, les cyclistes se lancent donc dans une folle équipée vers le haut de la ville, bousculant au passage quelques vieillards apeurés et des étals de marchands. C'est dans un joyeux désordre qu'ils parviennent sur le parvis de l'église, mais la solennité des lieux les ramène bientôt à plus de civilité. En attendant Danielle partie acheter les provisions du déjeuner, les plus curieux (toujours les mêmes) visitent l'édifice tandis que les autres usent et abusent des toilettes électroniques qui se trouvent à proximité. Le pique-nique se fera à l'ombre des hêtres centenaires qui bordent l'église, les glacières posées sur un banc et les cyclistes debout tout autour.
 

Mon royaume pour un chenal
 

Le traditionnel café du midi est pris à la terrasse déserte d'un salon de thé voisin. Les toilettes sont un peu limite mais nos neuf randonneurs ne s'en formalisent pas outre mesure. Ils reprennent la route, passent devant le musée sundgauvien et font un détour par Carspach pour cause de déviation. Le soleil ne faiblit pas, loin de là. Certains rêvent déjà de manger une glace à Hagenbach, qu'ils prononcent Häegen Dasz. Mais ils resteront sur leur faim. Le canal du Rhône au Rhin qu'ils franchissent ensuite n'apporte pas davantage de fraicheur. Ils remontent donc l'autre versant de la vallée, vers Hecken, à la recherche d'un hypothétique point d'eau, mais le ruisseau local se réduit à quelques flaques d'eau croupie envahies par les feuilles mortes.

Après Diefmatten, le passage sous l'autoroute permet de s'abriter quelques instants du soleil, mais il faut bientôt repartir pour Soppe-le-Bas, remonter sur le plateau et atteindre Guewenheim. La perspective de plonger dans l'étang de Michelbach galvanise un peu les troupes mais, arrivés sur zone, il s'avère que l'étang est interdit à tout sauf à la pêche. La réserve est d'ailleurs à plus d'un mètre en dessous de son niveau normal. Il faudra donc se contenter d'une pause à l'ombre des palétuviers et d'une boisson fraiche au café du coin. Consolation, la vue sur les Vosges est imprenable.
 

Drame au bord de la Thur
 

Le reste du trajet ne sera qu'une formalité, avec la traversée de zones vaguement industrielles, celle plus périlleuse de la voie rapide Thann-Mulhouse et la visite de gravières abandonnées. C'est donc avec un certain soulagement qu'ils arrivent au camping de Cernay qui, ironie de l'histoire, se trouve juste à côté de la piscine. Le répit sera de courte durée car, au moment de dresser les tentes, Hélène s'aperçoit qu'elle a perdu son sac à main, vraisemblablement au café d'Altkirch. Branle-bas de combat, cellule de crise, alerte rouge... Finalement, après quelques coups de fil infructueux, Hélène décide d'y retourner le lendemain dès la première heure.

Le soir venu, une visite rapide de Cernay fait apparaitre deux choses étonnantes: les cigognes qui sont alignées comme à la parade sur le toit de l'église, toutes dans le même sens, et la pléthore de restaurants asiatiques que rien ne laissait deviner. Le groupe jettera donc son dévolu sur "L'empire de Chine" où ils auront droit à un repas pantagruelique arrosé de bière chinoise et de vin d'Alsace. A la sortie du restaurant les cigognes sont toujours là, à croire qu'elles sont payées par l'Office de tourisme

 
> Hésingue

Les avions glissent sans un bruit au dessus de St Louis.
AEROFLOT

> Attenschwiller

Arrêt à la fontaine du village pour faire un prélèvement.
UNITED FRUIT

> Altkirch

Sur le parvis de l'église, l'heure est au recueillement.
POTASSES D'ALSACE

> Altkirch

Affaibli par les efforts, Stéphane attend le repas avec impatience.
WEIGHT WATCHERS

> Diefmatten

Une pause méritée à l'abri du tunnel autoroutier.
GAMMA

> Cernay

Hélène s'interroge sur les circonstances du drame.
CHANNEL 4

> Cernay

Curiosité locale, les cigognes s'alignent sur le toit de l'église d'Altkirch.
VANNSON

> Cernay

Jean a toujours le chic pour dénicher des petits gadgets rigolos.
CNN