Ambiance morose parmi les cyclistes en ce matin du 15 août. Suite aux violentes averses qui se sont déversées au cours de la nuit, l'organisation a décidé d'annuler la seconde étape qui devait emmener le peloton à la Chapelle d'Abondance. Les services de l'Equipement craignent que des chutes de rochers se produisent dans les gorges de la Dranse.
Inactivité forcée donc pour les participants qui se dispersent dans toutes les directions dans l'espoir de trouver quelque chose à faire. Les uns vont se baigner dans le lac, d'autres font du lèche-vitrine devant les boutiques du camping, d'autres partent vers Thonon... Après un déjeuner pris sans enthousiasme, l'organisation propose aux participants une séance de cinéma. «C'est mieux que de rester là à ne rien faire», lance Sylvie.
Au programme, Le premier jour du reste de ta vie. Deux groupes se forment, ceux qui entrent dans le cinéma et celles qui vont faire du lèche-vitrine (bien que la plupart des commerces soient fermés). L'équipe se reforme après la séance et tout ce petit monde grimpe dans le camion du directeur technique, direction la Chapelle d'Abondance. Un voyage qui met les estomacs à rude épreuve, à cause des lacets de la route et de l'entassement des passagers.
Le chalet de Benoit est sens dessus-dessous : les arbres ont été coupés, des engins de chantier sont rangés n'importe comment et la cuisine en plein-air recouverte de gravats. Voyant la mélancolie qui s'installe, le DT décide d'offrir une tournée générale. Retour dans le camion, descente au village et là, coïncidence troublante, le barman de l'hôtel des Cornettes est lorrain. Il n'en faut pas plus pour que la bonne humeur revienne.
Le retour à Thonon sera aussi éprouvant que l'aller. Mais une fois au camping, chacun s'affaire pour préparer l'arrivée de Sandrino et Bruno. Lesquels arrivent en début de soirée, après avoir zoné dans la banlieue de Thonon. Un apéro pris sous le barnum, de plus en plus confortable après la réquisition d'un banc par l'équipe technique, et tout le monde se rue vers un restaurant bien plus chaleureux que celui de la veille. Les spécialités savoyardes ont tôt fait de réchauffer les coeurs.
Le lendemain matin, le ciel est dégagé. Les tentes sont rapidement repliées, les bagages jetés dans le camion et toute l'équipe se lance pour la plus longue étape du circuit, objectif Lausanne. Mais, dès le départ, c'est le grand cafouillage. Les cyclistes buttent sur le voie rapide, font le tour de la zone industrielle pour revenir sur leurs pas, puis un grand détour pour éviter un sens interdit absurde... De précieuses minutes gâchées faute d'avoir reconnu le circuit la veille. Il faut maintenant appuyer sur les pédales et avaler à toute allure la route qui mène à Evian. Mais là, nouvel arrêt: Hélène veut trouver une pharmacie pour s'acheter un produit dopant. Les esprits commencent à s'échauffer. 15 à 20 minutes plus tard, la caravane peut enfin reprendre sa route.
C'est la partie la plus difficile du circuit, sur la N5 qui est l'unique route permettant de gagner la Suisse. Il y a beaucoup de trafic, mais aussi de beaux châteaux en bordure du lac. Quand l'équipe arrive à St Gingolph, le soleil est déjà haut dans le ciel. La frontière, à peine visible, est passée et les concurrents peuvent enfin rouler sur une piste cyclable. C'est en arrivant dans la vallée du Rhône que survient le drame. Une pédale du vélo d'Annette se décroche. Le camion technique revient d'urgence vers la fin du peloton. La réparation ne prend que quelques minutes, mais le directeur évoque à mots couverts l'hypothèse d'un sabotage. Une rumeur qui se propage très vite dans le peloton.
Tout en discutant de l'affaire, les cyclistes rattrapent enfin la route n°1 qui va leur permettre de faire une superbe traversée du "delta" du Rhône, loin de toute circulation. Cette pause en pleine nature, après le stress de la N5, calme un peu les esprits. C'est sans aucun doute le passage le plus beau de tout le circuit. Après un pique-nique à Villeneuve, au bord du lac, les cyclistes continuent vers le château de Chillon puis Montreux, mais eux seuls auront droit à un café, le camion ne pouvant pas se garer. Ils longent ensuite le lac sur des pistes cyclables ou des allées de promenade. Après Vevey, c'est sur une bande cyclable que se fait le trajet. On peut voir les villages et des vignobles à perte de vue. Les cyclistes ne sont pas mécontents d'arriver enfin au camping de Lausanne, après un périple de 80 km. Baignade dans une eau un peu douteuse, puis remontage des tentes. Le diner se fera au restaurant du camping avec une animation du feu de Dieu faite par un homme orchestre qui fait peur. On danse sur les tables pendant YMCA et autres Alexandrie. La nuit sera à peine plus paisible.
> de Lausanne à Versoix
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