«Une première étape marquée par la désorganisation, l'improvisation, le manque d'information et le refus de tout dialogue»

LEMAN 2008 | Pour Brandon Lavernaz, président de la Fédération suisse de cyclisme, la première étape du Tour du Léman 2008 a été «surtout marquée par une suite de bourdes indignes d'une manifestation de cette ampleur». La Fédération internationale a été saisie du dossier.
 

© AO | Le peloton arrive à Genève en ordre dispersé

EUGENE LACROUTE | 14.08.08 | 22:30

Sur le papier, tout se présentait sous les meilleurs auspices. Rendez-vous à Versoix de bon matin, départ dans la foulée sur la route n°1 et réception au Palais Eynard de Genève en présence du Conseil municipal. Mais "ce n'est pas un grain de sable qui s'est glissé dans les rouages, c'est une véritable dune", nous déclare le Maire Manuel Tornare.

On se souvient que Jean Baudet, grand favori de l'épreuve, avait été écarté par l'organisation pour n'avoir pas voulu se soumettre a un test de dopage, le jour même où il mariait sa fille en Bretagne. Premier couac. Pour le rendez-vous à Versoix, au lieu des 10 h annoncées dans le programme, il a fallu attendre 11 h 30 pour que tous les participants soient rassemblés sur un parking du centre de Versoix. Le staff technique ne décolère pas: "C'est la première fois que je vois une pagaille pareille" lance Gérard Bertrand, présent dès les premières heures.

Les cyclistes semblent à peine sortis d'une soirée bien arrosée. Stéphane, le pisteur, garde pourtant son calme et profite de l'occasion pour faire briller les chromes de son scooter. Finalement tout le monde est prêt mais le départ est tout aussi cafouilleux. A cause du retard, la police cantonale est rentrée dans ses foyers depuis longtemps. Privé de repères, et manifestement aussi d'une carte digne de ce nom, le peloton se perd à de multiples reprises. Il n'arrivera à Genève qu'en début d'après-midi. Plus personne bien sûr au Palais Eynard, les membres du Conseil municipal ayant d'autres chats à fouetter.

Les cyclistes traversent donc la ville, en slalomant au milieu des voitures et en empruntant les pistes cyclables à contre-sens. On en a même vu certains passer à toute allure le pont du Mont Blanc sur le trottoir. Une belle pagaille dont les nombreux touristes se souviendront. Ils remontent ensuite le quai Gustave Ador sans se préoccuper davantage des piétons pour ne rejoindre finalement la piste cyclable qu'au niveau du quai de Cologny. Cela fait longtemps que l'équipe technique a dépassé Genève et patiente du côté de Collonge.

Le peloton finit par se regrouper après la montée de Vésenaz, mais il hésite de longues minutes au carrefour entre la route de de Thonon et celle d'Hermance. Ce n'est qu'après avoir établi le contact avec le directeur technique qu'il s'engagera sur la seconde. Un choix judicieux car la circulation est assez dense sur la route de Thonon. Il est temps d'ailleurs de penser au ravitaillement. C'est à Corsier-Port, au bord du lac, que se fera la pause déjeuner. L'occasion aussi de faire le point sur tous les incidents qui ont émaillé ce début de circuit.

Un fois rassasiés, les cylistes reprennent la route, direction Hermance pour passer la frontière. Pas le moindre douanier à l'horizon, ni de poste frontière d'ailleurs. Ils poursuivent donc comme si de rien n'étaient vers Yvoire où une foule compacte les attend. Faute de place pour garer son camion, le directeur technique poursuit vers Thonon tandis que les randonneurs se fraient péniblement un chemin dans la cohue jusqu'à un bar paisible où ils peuvent enfin déguster un café. Ils reprennent ensuite la route après un rapide tour de la charmante cité.

La cirulation est raisonnabe jusqu'à Sciez mais après, sur la N5, ça devient beaucoup plus difficile. Il s'en faut de peu qu'ils ne s'engagent sur la voie rapide, à hauteur de Bonnatray, mais Alain les ramène heureusement sur le bon chemin. Problème: sur les petites routes proches du lac, il n'y a pas la moindre indication. Il faut slalomer dans les rues au petit bonheur la chance en s'orientant avec le soleil et la mousse sur les arbres. Ils arrivent finalement à Thonon, après quelques montées raides, traversent le port à la vitesse du tapis magique, remontent vers le château de Ripaille et coupent à travers bois pour atteindre enfin le camping de St Disdille. C'est là qu'ils retrouvent le directeur technique, confortablement installé sous son barnum, un canette de bière à la main.

Le montage des tentes, celle de Christine surtout, fournit une agréable animation pour les voisins hollandais qui salueront par des applaudissements, à peu près une demi-heure plus tard, l'achèvement de ce grand oeuvre. Après la toilette, l'apéro est pris sous le chapiteau, puis les compères se ruent vers le restaurant du camping pour engloutir force pizzas et spécialités italiennes. La nuit ne sera troublée que par les ronflements de Stéphane.

> de Thonon à Lausanne