Le ciel maussade du matin ne décourage pas nos randonneurs qui filent au nord-ouest vers l'entrée de la vallée de la Semouse. Mais ce sont la pluie, le froid, le vent et le brouillard qui marqueront le reste du parcours.
C'est sous un ciel menaçant qu'une équipe réduite à 10 personnes quitte Luxeuil, après des adieux émus à Sandrine, Annette et Gérard (le directeur technique), qui ont préféré abandonner la randonnée. Les cyclistes filent à bonne allure vers Fontaine-lès-Luxeuil, par la forêt des Sept Chevaux, puis vers Corbenay et Aillevillers. Une petit pluie fine tombe depuis un bon moment, mais ça ne les empêche pas de poursuivre vers la vallée de la Semouse, en s'arrêtant de temps en temps pour faire le point sur la carte. A l'entrée de la vallée, près d'installations qui ont l'air d'anciennes usines (la vallée était autrefois remplie de forges), la pluie se renforce et finit par tomber carrément en averse. Pas le moindre endroit pour se mettre à l'abri, il faut donc poursuivre coûte que coûte. Au début, les arbres leur offrent un peu d'abri mais cette protection sera de courte durée.
La montée de la vallée pourrait sans doute être sympathique dans d'autres conditions climatiques, mais sous une pluie battante et dans un froid de canard, cela devient une vraie corvée. Ils passent devant d'autres usines, dont certaines fonctionnent encore malgré leur isolement, puis à côté d'un château presque incongru dans ce paysage, et au milieu d'une petite cité ouvrière qui a l'air totalement abandonnée. Malgré ces signes de restes d'activité dans la vallée de la Semouse, ils ne rencontrent pas âme qui vive.
La montée est progressive et, comme chacun à envie d'en finir le plus tôt possible, l'équipe met peu de temps à rejoindre le plateau de Bellefontaine. Ils débouchent tout près de hameau de la Sibérie, dont le nom à ce moment ne semble pas du tout fantaisiste. Sorti de l'abri de la forêt, le vent vient maintenant s'ajouter à la pluie et au froid. L'ambiance est morose. Ils poursuivent donc sans s'arrêter jusqu'à Bellefontaine, où il y a pourtant un bistrot ouvert, puis vers Raon-aux-Bois. Ils font même un petit détour parce qu'il pleut trop fort pour sortir la carte, mais retrouvent bientôt la route de Raon. La pluie finit par s'arrêter mais le froid reste vif (11° seulement sur le plateau). Du brouillard s'est même formé dans les bois qu'ils traversent sans trop appuyer sur les pédales. Ils arrivent quand même indemnes à Raon-aux-Bois, après une descente qui met les freins à rude épreuve. Là, le village de Raon-Basse est à peine indiqué, comme si personne n'y allait jamais. Juste une petite pancarte à demi effacée. Ils se lancent sur la petite route et, après une longue traversée jusqu'à la vallée de la Moselle, arrivent enfin à Arches, transis et trempés.
Une dernière boisson chaude à la «Truite renommée», histoire de boucler la boucle, et les équipiers se séparent, pressés de retrouver un peu de chaleur dans leurs voitures. Sans le crier bien fort, chacun espère que la cuvée 2006 sera moins arrosée.