Au départ d'Arches, toute l'équipe est sur les dents, surtout Stéphane qui souffre d'un abcès dentaire. Mais l'atmosphère se détend dès que les cyclistes s'engagent sur la voie verte de la Moselle.
Avant même que la randonnée ne commence, toute l'équipe est sur les dents. «Je n'ai pas dormi de la nuit» annonce d'emblée Stéphane lorsque sa soeur lui téléphone. «Une saleté d'abcès dentaire. Et pas moyen de mettre la main sur un dentiste. Toujours en vacance ces fainéants!» Sylvie lui conseille de prendre du Dentoflagyl (uniquement sur ordonnance) et se met aussitôt à la recherche d'un praticien. Tâche difficile s'il est en plein milieu du mois d'août. Armée de son portable, elle appelle les cabinets d'Arches et de Pouxeux, avec le soutien logistique de Tantine et Mamy Jo depuis leur camp de base de Bussang. Arrivée à Arches, elle s'installe dans le bureau de poste et épluche l'annuaire téléphonique tout en passant des coups de fil tous azimuths. Finalement, après une vingtaine de tentatives, rendez-vous est pris à Rupt sur Moselle pour le début d'après-midi.
Pendant ce temps là, l'équipe s'est rassemblée sur le parking de l'église d'Arches: Hélène et Sandrine, Jocelyne et Stéphane, Sylvie et Alain, puis Annette, Béa et Gérard. Les vélos sont sortis, les bagages transférés dans la voiture du directeur technique (DT) et les uns et les autres se dirigent vers le café le plus proche, la «Truite renommée», pour une petite boisson de mise en jambe.
«C'est pas le tout, mais va falloir penser à y aller» lance le DT au bout d'une dizaine de minutes. Aussitôt, les huit cyclistes montent sur leurs engins, franchissent la Moselle et prennent la route de la rive droite vers Jarménil. Un soleil paisible illumine la rivière et le cortège file sans souci jusqu'à Eloyes. De son côté, Gérard rate l'embranchement vers Saint Etienne et se lance à bride abattue sur la route de la rive gauche. Ils le retrouveront un peu plus tard. Ils profitent en attendant d'un bel itinéraire qui les conduit jusqu'à Remiremont, dans des paysages très vosgiens, à peine troublés par la vision de vélos multicolores pendus dans les arbres, ou plantés sur les murs de clôture.
Arrivés à Remiremont, ils filent directement à l'arrière de la gare, dans le parc où le pique-nique a été organisé par le DT. C'est là qu'ils retrouvent Violette, venue de son ANPE toute proche pour leur soutenir le moral. Le repas est avalé dans une ambiance bon enfant, à peine assombrie par la perspective du rendez-vous de Rupt. Pour ne pas risquer d'être en retard, ils partent illico sur la voie verte qui se trouve à deux pas de là.
La piste cyclable emprunte le tracé de l'ancienne voie ferrée, et la montée vers le haut de la vallée est idyllique. Seul souci, les chicanes qui marquent les carrefours avec les routes qui croisent la piste. Malgré cela, sans presque s'en rendre compte, ils progressent à bonne allure et atteignent Rupt un peu avant l'heure du rendez-vous fatidique. Stéphane pénètre dans le cabinet dentaire tandis que le reste de l'équipe s'installe à la terrasse d'un café.
Pendant qu'ils sirotent leurs boissons, on peut lire sur leurs visages une certaine forme d'inquiétude. «Pourvu qu'il n'ait pas oublié sa carte Vitale», murmure Jocelyne. «Tu prends toujours tout au tragique», répond Gérard. Ils discutent un peu avec la serveuse, pour la forme, mais gardent les yeux rivés sur la porte du cabinet.
Au bout d'une demi-heure, Stéphane finit par sortir de l'officine et rejoint le reste de l'équipe. «Qu'est-ce qu'il t'a donné comme médicament?», demande Sylvie. «Du Dentoflagyl», répond le patient. Elle sourit de toutes ses dents: «Tu vois, tu n'avais qu'à me demander».
Après un détour par une pharmacie, ils reprennent la piste vers Le Thillot. Un petit arrêt près du musée des Hautes Mynes, qui retrace l'odyssée des mineurs de cuivre du XVIIIe siècle, et ils poursuivent leur route vers Bussang. Le ciel se couvre au fur et mesure de leur progression, et la pluie commence même à tomber doucement quand ils arrivent à Bussang. L'accueil chez Tantine est chaleureux comme toujours: café, boissons, brioche... et debriefing de Stéphane à propos de son mal de dent. Direction l'Auberge alsacienne ensuite, pour prendre possession des chambres. Ça se présente plutôt bien, n'étaient les odeurs pestilentielles qui émanent des tuyauteries, et la douche qui asperge le lit. Pas le temps malheureusement d'aller voir le Théâtre du Peuple. D'autant que Stéphane et Jocelyne ont profité d'une accalmie et d'un moment d'inattention du DT pour pousser à vélo jusqu'au col, hisoire de voir comment ça se présente. C'est là que la pluie les surprend, doucement d'abord puis de plus en plus fort pour finir en orage. Ils arriveront trempés comme des soupes chez Tantine.
C'est à cette même auberge alsacienne qu'aura lieu le repas du soir, en l'absence de Sylvie qui a préféré ne pas trop se charger avant l'épreuve du lendemain, mais en présence de Tantine et Mamy Jo. Le repas est simple, mais plantureux. Vers 10 heures, Anne-Marie et Jean rejoignent l'équipe et tout le monde file bientôt se coucher.